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Tout savoir sur la carrière longue

A retenir

La réforme de 2023 maintient la possibilité de départ anticipé à la retraite pour carrière longue si vous avez commencé à travailler avant 21 ans, que vous avez cotisé au moins 5 trimestres avant les seuils d’âge de 16, 18, 20 ou 21 ans, et que vous cumulez le nombre total de trimestres requis.

Votre âge de départ anticipé dépend concrètement :

  • De votre année de naissance ;
  • Du nombre de trimestres cotisés en début de carrière ;
  • Du nombre total de trimestres cotisés.

En fonction de ces critères, vous pourrez prendre votre retraite à partir de 58 ans.

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Le dispositif de la carrière longue concerne les salariés du secteur privé, les agents de la fonction publique, les professionnels libéraux ainsi que les salariés et exploitants agricoles ayant commencé à travailler précocement et ayant suffisamment cotisé.

Avant 2011, l’âge légal de départ à la retraite était fixé à 60 ans : il était possible de partir en retraite anticipée pour carrière longue entre 56 et 59 ans.

À partir de 2011, l’âge légal a progressivement été porté à 62 ans, et les âges de retraite anticipée pour carrière longue ont été décalés proportionnellement.

Avec la réforme des retraites de 2023, l’âge légal est progressivement relevé pour atteindre 64 ans pour les personnes nées à partir du 1er janvier 1968.

Principe : Si vous avez commencé à travailler jeune et bénéficiez d’un nombre de trimestres sur une carrière longue, alors vous avez peut-être la possibilité de liquider vos retraites avant l’âge légal. Toutefois, il faut, pour cela, remplir certaines conditions et prendre en compte qu’en cas de poursuite d’activité, la liquidation anticipée de vos retraites aura un impact sur le montant de votre future rémunération. 

Clause de sauvegarde

Une clause de sauvegarde a été mise en place pour les générations nées entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1963 qui auraient cotisé 168 trimestres avant le 1er septembre 2023. Elles peuvent alors bénéficier des anciennes règles (départ à 60 ans) même si elles cessent leur activité après le 1er septembre 2023.

Il faut pour cela justifier d’un nombre de trimestres minimum en début d’activité.

Ainsi, :

– Pour un départ avant 60 ans, vous devez cumuler au moins 5 trimestres avant la fin de l’année civile de votre 16e anniversaire.

– Pour un départ à partir de 60 ans, vous devez réunir au moins 5 trimestres avant la fin de l’année civile de votre 20e anniversaire.

Dans ces deux cas, 4 trimestres suffisent si vous êtes né au cours du dernier trimestre de l’année civile ou si vous avez commencé votre carrière au régime des non-salariés agricoles.

Concrètement, pour entrer dans le cadre de la carrière longue, vous devez avoir commencé à travailler avant 21 ans, et avoir cumulé un nombre minimum de trimestres d’assurance retraite en début de carrière. Vous pouvez alors demander à faire valoir votre pension à taux plein.

La réforme de 2023 introduit quatre bornes d’âge, contre deux auparavant :

  • 16 ans, pour un départ à partir de 58 ans ;
  • 18 ans, pour un départ à partir de 60 ans ;
  • 20 ans, pour un départ à partir de 62 ans ;
  • 21 ans, pour un départ à partir de 63 ans.

Nouvelles bornes d’âge pour le départ anticipé en retraite pour carrières longues

Départ anticipé à partir de

Âge de début d’activité Nombre de trimestres cotisés exigés

Année de naissance

58 ans

Avant 16 ans* 168 1961, 1962, 1963

60 ans

Avant 18 ans* 168 1961, 1962, 1963
62 ans Avant 20 ans* 168

1961, 1962, 1963

63 ans Avant 21 ans* 168

1961, 1962, 1963

*5 trimestres d’assurance cotisés avant le 31 décembre de l’année de début de carrière ou 4 trimestres acquis au 31 décembre pour les assurés nés entre le 1er octobre et le 31 décembre.

Le nouveau cadre instauré par la réforme de 2023

L’âge légal de départ à la retraite est désormais de 64 ans si vous êtes né à partir du 1er janvier 1968.

Si vous êtes né entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1967, l’âge légal augmente progressivement de 62 ans à 64 ans, avec 3 mois supplémentaires par année de naissance.

Si vous ne réunissez pas les conditions pour bénéficier du taux maximum, vous pouvez :

– Soit continuer à travailler jusqu’à ce que vous réunissiez les conditions pour bénéficier du taux maximum ou que vous ayez atteint l’âge du taux maximum automatique (67 ans si vous êtes né en 1955 ou après) ;

– Soit partir à la retraite avec une réduction définitive (décote).

Si vous réunissez les conditions nécessaires pour bénéficier du taux maximum, vous pouvez partir à la retraite en bénéficiant du taux plein , ou continuer de travailler. Dans ce cas, vous bénéficierez d’une surcote appliquée au montant de la retraite.

Les périodes de travail à l’étranger peuvent être retenues dans le calcul des trimestres si un accord international s’applique. Certaines périodes de cotisations payées par l’État sont également prises en compte (stage de formation professionnelle, apprentissage).

Peuvent également être intégrées au calcul:

  • Les périodes de service national, dans la limite de 4 trimestres ;
  • Les périodes de chômage indemnisé et les périodes d’activité partielle indemnisées à partir du 1er mars 2020, dans la limite de 4 trimestres ;
  • Les périodes de maladie et accidents du travail, dans la limite de 4 trimestres ;
  • Les périodes indemnisées au titre du congé maternité ;
  • Les périodes de perception d’une pension d’invalidité, dans la limite de 2 trimestres ;
  • Les trimestres de majoration de durée d’assurance attribués dans le cadre du compte professionnel de prévention (points de pénibilité du C2P).

En revanche, ne sont pas comptabilisés :

  • Les trimestres de majoration de durée d’assurance attribués pour les enfants (8 au maximum pour chacun) ;
  • Les trimestres acquis par un rachat de cotisation, excepté le rachat au titre de l’apprentissage.

Chaque situation est particulière : une étude préalable doit être effectuée par l’Assurance retraite. C’est elle qui déterminera votre éligibilité au dispositif des carrières longues.

Qui est concerné ? 

Le dispositif « carrière longue » existe dans la quasi-totalité des régimes de base :

  • Salariés du privé (régime général et régime agricole),
  • Non-salariés (indépendants, exploitants agricoles, professions libérales, avocats),
  • Fonction publique (d’État, hospitalière, territoriale),
  • Ministres du culte,
  • Une part importante des régimes spéciaux (ouvriers de l’État, RATP, Industries électriques et gazières –IEG-, clercs et employés de notaires, Banque de France, Opéra de Paris, Comédie Française).

Les régimes complémentaires appliquent en majorité les mêmes règles :

  • Salariés du privé (Agirc-Arrco),
  • Commerçants, artisans et industriels (SSI complémentaire),
  • Exploitants agricoles (RCO),
  • Salariés publics non titulaires (Ircantec),
  • Professions libérales de la section Cipav.

Les 9 autres sections du régime des professions libérales ont des règles distinctes. Le Régime additionnel de la Fonction publique (RAFP) n’applique pas les règles de la retraite anticipée pour carrière longue.

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Qui en bénéficie ? 

La retraite anticipée pour carrière longue représente la majeure partie des départs avant l’âge légal selon une étude de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) publiée en mai 2023.

Les départs anticipés représentent un peu plus de 40 % des départs à la retraite, l’essentiel correspondant à des départs anticipés pour carrière longue.

Ce dispositif fait l’objet d’un important non-recours (32 %), en particulier parmi les femmes.

La Cnav relève par ailleurs que les pensions des hommes et des femmes du régime général ayant recouru au dispositif carrière longue sont plus élevées que celles des assurés dans leur ensemble. Les bénéficiaires valident en moyenne 176 trimestres, contre 156 trimestres pour l’ensemble des assurés.

Quelques cas concrets

Je suis né(e) au

J’ai commencé à travailler à J’ai cotisé Je pars en retraite à

3e trimestre 1963

20 ans 170 trimestres 60 ans
4e trimestre 1963 16 ans 170 trimestres

59 ans

1er trimestre 1964 18 ans 171 trimestres

60 ans

2e trimestre 1965

18 ans 172 trimestres 60 ans

2e trimestre 1965

20 ans 172 trimestres

60 ans et 9 mois

1er trimestre 1966 18 ans 172 trimestres

60 ans

3e trimestre 1967

16 ans 172 trimestres 58 ans

2e trimestre 1968

20 ans 172 trimestres 61 ans et 6 mois

3e trimestre 1969

20 ans 172 trimestres 61 ans et 9 mois
1er trimestre 1970 16 ans 172 trimestres

58 ans

2e trimestre 1970 18 ans 172 trimestres

60 ans

3e trimestre 1970 20 ans 172 trimestres

62 ans

4e trimestre 1970

21 ans 172 trimestres

63 ans

 

Âge d’obtention automatique d’une retraite à taux plein selon l’année de naissance :

Année de naissance

Âge d’obtention automatique d’une retraite à taux maximum

Avant le 1er juillet 1951

65 ans

Du 1er juillet 1951 au 31 décembre 1951

65 ans et 4 mois

1952

65 ans et 9 mois

1953

66 ans et 2 mois

1954

66 ans et 7 mois

À partir de 1955

67 ans

 

Quels impacts en cas de poursuite d’activité ? 

Afin de bénéficier du cumul intégral (cumul emploi retraite libéralisé), il faut remplir trois conditions dont l’une d’elles est d’avoir l’âge légal de départ à la retraite.

Ainsi, si vous liquidez vos retraites avant l’âge légal, et si vous passez outre le nombre de trimestres pour une carrière longue, vous ne respectez pas cette condition. Vous entrerez alors dans le dispositif de cumul emploi retraite plafonné, et ce jusqu’à l’année de votre âge légal.

Cela a un impact non négligeable différant selon votre statut, si vous souhaitez poursuivre votre activité tout en effectuant une démarche pour une retraite anticipée sur carrière longue.

  • Si vous êtes salarié, vous devrez non seulement respecter un plafond de rémunération mais également un délai de carence de 6 mois pour reprendre votre activité auprès de votre employeur.
  • Si vous êtes chef d’entreprise, vous pourrez continuer à percevoir vos retraites à condition que vos revenus professionnels de l’année entière restent inférieurs à la moitié du plafond de la sécurité sociale soit 23 184 euros par an (en 2024).
  • Enfin, si vous exercez une profession libérale, vous pourrez continuer à percevoir vos retraites à condition que vos revenus professionnels de l’année entière restent inférieurs au plafond de la Sécurité sociale soit 46 368 euros par an (en 2024).

Si vous avez un autre statut, nous vous invitons à vous rapprocher de la caisse de retraite à laquelle vous êtes actuellement affilié afin de connaître les limitations de rémunération.

Quelle démarche faut-il faire pour bénéficier d’une retraite anticipée avec une longue carrière ?

Après avoir récupéré votre relevé de carrière et identifié les éventuelles anomalies, vous devez contacter la caisse de retraite régionale de laquelle vous dépendez, en fonction de votre lieu d’habitation, afin d’obtenir une attestation de situation vis-à-vis de la retraite anticipée.

Après avoir vérifié que vous respectez bien les conditions exigées (si besoin après la régularisation de votre carrière), la caisse vous adressera alors un document sur lequel elle vous confirmera votre possibilité de départ au titre des carrières longues ainsi que la date à laquelle vous pourrez y prétendre selon le nombre de trimestres sur une carrière longue.

Pour plus de tranquillité dans la préparation de votre demande de retraite, nous vous recommandons d’effectuer cette démarche au moins 5 mois avant la date de retraite envisagée.


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  • Mis à jour le vendredi 11 octobre 2024
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Rédacteur/Rédactrice:


Didier PERROT

Rédacteur et Expert retraite

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