La situation d’invalidité est reconnue lorsque les capacités de gain d’un assuré sont considérablement diminuées suite à une maladie ou un accident d’origine non professionnelle : AVC, accident de la route…
Elle ouvre droit à une pension d’invalidité de niveau variable selon le statut, indépendant ou salarié.
Elle génère aussi des droits à la retraite, trimestres et/ou points selon le cas, et une possibilité de départ anticipé à la retraite.
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Une fois l’invalidité reconnue, une pension d’invalidité peut être versée. Si elle n’est pas prise en compte dans les revenus à partir desquels est calculée votre retraite, elle joue malgré tout, soit en validant des trimestres, soit en donnant droit à des points, selon les régimes.
La pension d’invalidité prend généralement la suite d’un arrêt d’activité indépendante ou salariée. Cet arrêt a donné lieu au versement d’indemnités journalières de la Sécurité sociale. Au bout d’un certain temps de versement des indemnités journalières (6 mois à 3 ans), la caisse de Sécurité sociale peut vous proposer de passer en invalidité. Vous pouvez aussi en prendre l’initiative. Un médecin-conseil vous examinera pour déterminer si vous remplissez les conditions pour percevoir une pension d’invalidité. Trois conditions sont requises :
Lorsque l’invalidité est reconnue, elle fait la distinction entre 3 catégories, selon l’incapacité résultant de cette situation :
En revanche, pour les professions libérales, l’invalidité donne droit à des prestations forfaitaires, dont le montant varie selon le régime.
La CIPAV, par exemple, alloue une pension variable selon les revenus antérieurs et la nature de l’invalidité, totale ou partielle.
Les personnes en catégorie 1 peuvent encore travailler et ainsi percevoir des revenus validant des trimestres pour leur retraite. Si les revenus sont insuffisants pour valider 4 trimestres, en cas de cumul, la perception de la pension d’invalidité permet aussi de valider des trimestres, dits « assimilés ».
En effet, ils ne sont pas cotisés, mais sont pris en compte pour le calcul de la retraite. À l’assurance retraite, chaque trimestre civil comportant 3 mensualités de pension d’invalidité valide un trimestre pour la retraite. De la sorte, il est possible de valider 4 trimestres par an (le maximum pour tous les régimes de retraite). Avant le 1 octobre 1986, la pension d’invalidité étant trimestrielle, seul un versement suffisait à valider un trimestre d’invalidité.
Cas particuliers :
Les trimestres assimilés pour invalidité sont pris en compte même si la pension d’invalidité n’a pas été versée du fait d’une pension allouée par l’assureur, dans le cas d’un accident de la route avec un tiers responsable.
Depuis 2014, les pensions d’invalidité versées par la Caisse des Français de l’étranger (CFE) ne permettent plus de valider des trimestres assimilés.
L’invalidité ouvre droit également à la validation de points dans certains régimes.
Exemples :
Les périodes d’arrêt de travail de plus de 60 jours consécutifs dus à une invalidité et indemnisés par un organisme de Sécurité sociale ouvrent droit à l’attribution de points Agirc-Arrco. Cette attribution étant liée à l’interruption d’une période prise en compte par l’Agirc-Arrco, sont visées les périodes d’activité salariée, mais aussi celles de chômage indemnisé. Le calcul des points Agirc-Arrco prend pour base la moyenne journalière des droits inscrits au compte de l’assuré l’année N-1 avant l’année au cours de laquelle est intervenu l’arrêt de travail (ou l’année N en cas d’embauche récente). Toutefois, les points attribués au titre de l’invalidité ne peuvent permettre de dépasser les points de l’année N-1.
La retraite des professionnels libéraux est un régime par points. Chaque année où un assuré a été dans l’incapacité de travailler pendant au moins 6 mois lui donne droit à 400 points. Chaque année d’invalidité requérant l’aide d’une tierce personne donne droit à 200 points.
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Les règles de passage à la retraite varient selon la catégorie d’invalidité.
La réforme de 2023 a créé un nouveau cas de départ anticipé : l’inaptitude. En effet, l’âge de départ en retraite en cas d’invalidité est maintenu à 62 ans malgré le report progressif de l’âge légal de départ à 64 ans. Les personnes liquidant leur retraite suite à une invalidité bénéficient du taux plein, de 50 %. Cependant, la retraite payée ne sera pas pleine si le nombre de trimestres validés est inférieur au nombre de trimestres requis pour le taux plein selon l’année de naissance.
Exemple : né en 1964, vous devez totaliser 171 trimestres pour avoir le taux plein. Vous pouvez liquider votre retraite en 2024, à 62 ans, du fait de votre invalidité (au lieu de 63 depuis la réforme).
Du fait de votre invalidité, dans le calcul de la retraite de base de l’assurance retraite, vous bénéficiez du taux maximal de 50 %, mais les trimestres que vous avez acquis (trimestres cotisés, assimilés, majorations…) seront pris en compte pour leur compte réel.
Ainsi, dans la formule suivante, si vous justifiez de 159 trimestres cotisés, votre salaire moyen x 50 % sera affecté du rapport suivant :159/171 salaire annuel moyen x taux (50 %) x nombre de trimestres obtenus au régime général (159) / nombre de trimestres requis (171)
Le passage à la retraite dépend de la catégorie d’invalidité.
Six mois avant vos 62 ans, votre caisse de retraite vous informera que vous pouvez liquider votre retraite. Votre inaptitude, automatiquement reconnue sans avoir à passer devant le médecin-conseil, vous permet un départ en retraite anticipée à 62 ans.
Cependant, si vous êtes encore en activité, vous pouvez la poursuivre jusqu’à l’âge du taux plein automatique (67 ans). Vous pouvez alors continuer de cumuler votre salaire avec une pension d’invalidité. De la sorte, vous validez de nouveaux trimestres et réduisez ainsi la fraction du calcul ci-dessus. En revanche, le cumul d’une pension d’invalidité et d’une retraite est impossible.
Pension d’invalidité et chômage
Si vous avez perdu un emploi dans les 6 mois précédant vos 62 ans et que vous percevez une allocation chômage, à 62 ans, vous pouvez choisir de continuer à percevoir votre pension d’invalidité et votre allocation chômage pour vous laisser le temps de retrouver un emploi. Si vous retrouvez un emploi, vous pouvez poursuivre votre activité. Sinon, vous passerez obligatoirement à la retraite à 62 ans et demi. |
L’invalidité de catégorie 2 ne permet pas de percevoir de salaire. Aussi, vous n’avez pas le choix : vous passerez obligatoirement à la retraite pour inaptitude à 62 ans. Mais cela ne se fait pas automatiquement. Vous serez prévenu 6 mois avant vos 62 ans par l’assurance retraite et l’organisme vous versant votre pension d’invalidité que vous devrez déposer un dossier de demande de retraite.
Comme en catégorie 2, l’invalidité de catégorie 3 ne permet pas de percevoir de salaire. Vous devez donc déposer un dossier de demande de retraite anticipée pour inaptitude 6 mois avant vos 62 ans.
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Rédacteur/Rédactrice:
Didier PERROT
Rédacteur et Expert retraite